Baltique 1
La balade en Baltique de SHENANDOAH
Nos amis des Marins de la Citadelle: Martine & Guy , grands plaisanciers-navigateurs, partent pour un périple vers le Nord Est: direction Göteborg en Suède.
Ils vous nous faire partager leur voyage...
Episode 1
Samedi 31 mai : Nous quittons le WSVW à 11 heures, pour un périple de 3 mois, après 3 jours de préparatifs et approvisionnement de dernière minute. Mercredi, nous avons assisté à une régate entre Marins de la Citadelle, Soizic est en tête, suivi de près par Céphéide et un Bavaria 37 que nous ne reconnaissons pas (ils vont trop vite !)… les équipages nous souhaitent bon voyage de vive voix et de grands signes de bras… Après une étape fuel et une pause lunch, nous passons l’écluse du Zandkreek avec Oogappel qui nous accompagne pour notre première étape, et 35 autres bateaux. Un bébé phoque et sa mère regarde passer les bateaux dans le chenal. Un vent du nord ouest nous surprend agréablement, toutes les voiles se déploient et nous commençons à louvoyer vers le pont de Zeelande. Après le passage du pont, Shenandoah et Oogappel marchent à merveille et ne se quittent plus d’une quille, jusqu’à l’écluse du Roompot. Après cette belle journée de voile, nous passons la nuit au ponton extérieur (pour partir tôt le lendemain), après le verre de l’amitié (prolongé) sur Oogappel.
Dimanche 1er juin : Nous montons sur le pont à 6h45, nos amis de Oogappel nous y attendent pour nous aider à larguer les amarres après un dernier au-revoir. Notre cœur se serre un peu en regardant s’éloigner le ponton où Oogappel reste amarré dans le petit matin. Par mer d’huile et calme plat, nous mettons le cap au nord et rejoignons Scheveningen au moteur. Tillygreig nous y attend pour poursuivre une partie du voyage avec nous. Paul et Marianne nous invitent à souper pour fêter les retrouvailles.
Lundi 2 juin : Nouveau départ à 7 heure de Scheveningen, une petite brise nous donne quelques espoirs, nous hissons la grand’ voile, mais elle ne servira qu’à stabiliser le bateau. Nous longeons la côte néerlandaise jusqu’à Den Helder, le grand port militaire des Pays Bas.
Mardi 3 juin : Les deux bateaux larguent les amarres à 9h, et hissent les voiles. Le premier bord au près, puis au travers nous laissent espérer une journée sportive, mais lorsque nous commençons à longer l’île de Texel vers le Nord, le vent de dos arrive à peine à faire avancer le bateau. Nous remplaçons la grand voile et le génois par le Gennaker, et atteignons une vitesse sur l’eau de 3, puis même de 4 nœuds avec pointes à 5. Grâce au courant portant, nous arrivons cependant à doubler la pointe nord de Texel, et longer l’île de Vlieland. Le soleil brille (comme les trois jours précédents), et nous nous sentons bien bercés par les vagues. Mais lorsque le courant s’inverse, nous nous résolvons à affaler le Gennaker et joindre le port de Vlieland au moteur, avec un courant « contre » de 3 nœuds les cinq derniers milles. Une autre belle journée de voile d’un style plus calme…
Baltique 2014, épisode 2 : Escale à Borkum
Mercredi 4 juin : Guy, Paul et Max (Sea) ont fixé l’heure du départ à 8h. Nous contournons le sud de l’île de Terschelling au moteur puis hissons les voiles pour assister la machine, espérant que le vent va forcir ; pour le moment, nous avons un près bon plein. La mer est plate, le soleil se devine derrière la couche de nuages, le bateau avance à plus de 8 nœuds grâce au courant portant. Nous étions partis pour Lauwersoog, mais de rapides calculs nous suggèrent qu’il est possible de rallier l’île de Borkum (la première île de Frise allemande, à l’embouchure de l’Ems) à une heure raisonnable: une courte conversation sur la VHF avec nos compagnons de route suffit à nous faire changer de cap. Le vent, maintenant de face, faiblit, et nous affalons les voiles. Quelques averses courtes mais intenses ne nous découragent pas. Le courant continuera à nous pousser jusqu’au chenal d’entrée du port de Borkum, où il s’inverse; à l’arrivée, le loch indique 59 miles parcourus sur l’eau, le GPS 71 miles parcourus sur le fond. Nous accostons à la marina « Port Henry » de Borkum à 17h, juste avant une nouvelle averse. Le ponton auquel nous amarrons Shenandoah et Tillygreig mériterait un lifting, le WiFi n’arrive pas jusqu’à cet endroit reculé de l’Allemagne, mais le capitaine du port nous accueille avec beaucoup de chaleur.
Jeudi 5 juin : Les rafales de force 8 prévues pour cette nuit sont encore à l’ordre du jour. C’est l’occasion idéale de prendre le bus pour aller visiter la ville de Borkum, de l’autre côté de l’île (7 km). Le soleil est au rendez-vous. La ville est apparemment un très ancien centre de cure, comme en témoignent en front de mer les grands hôtels blancs dont la splendeur date d’un siècle passé ; sur la digue, un orchestre joue de la musique douce dans un kiosque ; la très grande plage est garnie de typiques fauteuils en osier ; au large, la couleur de l’eau et les embruns nous montrent le dessin des bancs de sable ; dans le centre ville, une gare accueille un train aux wagons de couleurs vives qui relie les extrémités de l’île.
En fin d’après-midi éclatent de violentes averses, et le vent qui s’était un peu calmé en journée recommence à forcir ; les hommes mettent tous les pare-battage des deux bateaux côté quai. Nous allons souper au restaurant du port (une adresse à recommander), et, en rentrant, estimons la force du vent à 8 Beaufort. Le bruit des vagues sur la jupe du bateau n’arrive pas à gâcher notre nuit.
Vendredi 6 juin : Les météo allemande et néerlandaise du matin confirment que la dépression qui nous est passée dessus s’éloigne vers l’est, et que le vent a faibli substantiellement. Nous larguons les amarres vers 9h15, en direction de l’île de Norderney. Le vent s’est effectivement calmé, mais la mer est encore agitée après une nuit de tempête. Nous contournons l’île de Borkum, et constatons que la grande plage du nord de l’île englobe maintenant plusieurs bancs de sable (nous sommes à marée basse) et s’étend sur près de 2 km. Après 10 milles, nous mettons le cap à l’est et déroulons le génois pour profiter du vent arrière. Déception ! le génois n’offre qu’une très faible assistance au moteur.
Au large, les vagues sont plus longues, et la navigation devient plus confortable. A l’approche de Norderney, nous avons quelques difficultés à trouver le chenal qui traverse le banc de sable qui longe l’île. Nous trouvons enfin les bouées, à un mille au nord de l’endroit indiqué sur notre toute nouvelle carte Imray. Apparemment, les déplacements du banc de sable obligent à fréquemment baliser un nouvelle passe. Nous entrons au port de Norderney à 14h45, poussés par un courant de 2 nœuds.
Baltique 2014, épisode 3 : Spodsberg
Samedi 7 juin : Départ de Norderney vers 9h45, après le plein périlleux de mazout des deux bateaux (l’accès à la pompe n’est pas des plus pratique !). Nous constatons que la passe ouest à travers le banc de sable (comme la passe est) ne correspond à aucune de nos cartes ni traces précédente ; mais elle est bien balisée, et nous traversons le banc sans problèmes. Le vent vient de face, et l’étape est longue, pas question de louvoyer, nous allons encore utiliser le moteur. Nous longeons toutes les îles de Frise allemandes, passons sans problème le chenal d’entrée du Jade et de la Weser où nous ne croisons que deux remorqueurs attendant le client. A l’entré de l’Elbe, nous pouvons enfin dérouler le génois, mais il ne nous aide pas beaucoup, le vent est tombé. Arrivés à la marina de Cuxhaven, nous prenons les deux dernières places libres, contant d’arriver après 65 miles et 9h30 de navigation.
Dimanche 8 juin : Nous quittons Cuxhaven à 7h45, pour profiter du courant portant sur l’Elbe (2 à 3 nœuds). Nous remontons le fleuve jusqu’à l’entrée du « Nord-Ostsee Kanal » qui traverse l’Allemagne d’est en ouest, de Brunsbuttel jusqu’à Holtenau dans le fjord de Kiel. Quelques voiliers tournent en rond en attendant l’ouverture de l’écluse d’entrée du canal, certains d’entre eux ont quitté Cuxhaven ce matin une heure avant nous. Mais nous avons de la chance, l’écluse ne tarde plus à s’ouvrir, l’éclusage est rapide, et nous entamons la traversée de 98km. Les ponts « Meccano » ou en béton se succèdent, tandis que d’énormes cargos et pétroliers nous croisent. De temps en temps, nous nous dévions pour éviter un bac qui relie les deux rives ; à Rendsburg, le bac est suspendu à un pont de chemin de fer. Sur la piste cyclable qui longe le canal, les vélos nous dépassent malgré la température (qui monte jusqu’à 30°). Beaucoup de motor-homes sont venus passer ce beau week-end de Pentecôte sur les berges boisées. Vers 16 h, nous enfilons le canal secondaire qui nous mène à la ville de Rendsburg, et accostons à la marina vers 16h30 pour passer la nuit, après une soirée au bord de l’eau au restaurant du port.
Lundi 9 juin : Vers 9h15, nous reprenons le canal principal en direction de Kiel. Nous avons la surprise de croiser le BNS Léopold I, un des bâtiments de la force navale belge. Nous atteignons Holtenau vers 12h30, et entrons très vite dans une des écluses réservées aux plaisanciers, récemment rénovée, avec des pontons moins glissants. Dès que les portes s’ouvrent sur la mer baltique, nous traversons le fjord de Kiel et accostons à la marina de la station balnéaire de Laboe. Nous avons l’après midi pour nous promener le long de la plage, et acheter quelques provisions pour les étapes suivantes. Peu avant 22 heures, la marina est baignée d’une lumière douce et rosée, tandis que le soleil orange descend sur l’horizon, sur l’autre rive du fjord.
Mardi 10 juin : L’étape d’aujourd’hui démarre vers 10h, la météo nous promet un bon vent de travers. Nous établissons les voiles dès la sortie du port, mais, oh surprise ! le vent vient dans notre dos. Plein d’enthousiasme, Guy hisse le Gennaker dans sa chaussette. Nous enroulons le génois… qui entraine le Gennaker autour de l’étai. Après de multiples péripéties, Guy ne peut que le ramener sur le pont hors de sa chaussette. Bien que sec, il semble sortir de la lessiveuse de Coluche … yapluka défaire tous les nœuds dans la voile et les écoutes : Guy s’y attelle avec sa patience légendaire. Malheureusement, le vent tombe, et nous rangeons le Gennaker dans son sac. Mais plus tard, le vent se réveille, et nous repartons à la voile… d’abord au près serré, puis au travers, et finalement au grand largue. Le soleil est au rendez-vous, nous sommes en t-shirt. La journée se solde par 50% de voile. Nous entrons à Spodsbjerg (en danois dans le texte), sur l’île de Langeland, vers 18h.
Baltique 2014, épisode 4 : Régal danois, quand plaisance rime avec plaisir...
Mercredi 11 juin : Nous fêtons notre premier petit déjeuner danois avec ce que les américains appellent « Danish Pastries », mais qu’on nomme ici plus modestement « Wiener brod » ; la pâte feuilletée fourrée de crèmes diverses, et garnie de raisins, noix pacanes ou simplement glacée fond, dans la bouche ; il est clair que l’ingrédient principal de ces petites merveilles n’est pas la farine, mais plutôt le « smôr », une matière grasse extraite du lait de vache qui fait la réputation du Dannemark dans les bonnes crèmeries. Vers 9 heures, nous quittons Spodsbjerg, ce petit havre de paix en pleine nature, pour poursuivre notre route vers le nord. Le vent est très faible, le ciel couvert, la brume envahit l’horizon de temps en temps, et une petite averse va même mouiller nos cirés en fin de matinée. Nous longeons l’île de Langeland, et croisons un marsouin en peu avant d’en doubler la pointe nord. Nous mettons alors le cap sur le pont du « Store Belt » qui relie les îles Sjaelland (île de Copenhagen) et Fynn ; nous apercevons déjà les piles principales à plus de 10 miles, mais passons finalement par temps brumeux. Après le pont, nous nous dirigeons vers Kerteminde où nous amarrons un peu après 15h. Le soleil a enfin percé les nuages, et la température monte.
Jeudi 12 juin : Jour de repos/visite. Tandis que Paul et Marianne prennent le bus pour Odense, une ville qui nous avait charmés il y a deux ans, nous partageons la matinée entre repos et provisions. L’après midi, je prends mon vélo pour aller visiter le « bateau de Ladby » à 5 km de la marina. Vers l’an 900, un roi Viking a été enterré sur son bateau (21 m de long, 3 m de large) avec ses objets les plus précieux, 11 chevaux et quelques chiens, sous un mont funéraire de 30 m de diamètre. La tombe découverte aux environs de 1930 a été dégagée, un dôme en béton construit autour des restes du bateau, et le mont funéraire reconstitué autour du dôme. On pénètre dans la tombe sous-terraine par une porte qui se referme automatiquement (ce qui donne un peu froid dans le dos). Après avoir acclimaté ses yeux à l’obscurité, on voit clairement la forme du bateau ; le bois a pratiquement disparu, mais beaucoup de pièces métalliques (dont l’ancre, la chaine, les clous, la décoration de la proue), et les ossements des chevaux sont encore là; la tombe a été profanée à la période Viking, et le corps du roi n’a pas été retrouvé. Après cette visite, le retour à vélo à travers la campagne danoise ensoleillée est rafraichissant. La journée se termine par un barbecue au bord de l’eau, « cooked to perfection » par nos deux hommes.
Vendredi 13 juin : Cette fois, nous prenons le bus à quatre pour aller visiter la ville de Nyborg et son château du 12ième siècle, demeure de plusieurs rois et reines du Dannemark. De retour, après un apéro agrémenté de poissons fumés, Paul nous prépare une truite saumonée dans le fumoir qu’il a à bord… un délice !
Samedi 14 juin : Nous larguons les amarres vers 9h, et partons pour Ebeltoft, une ville balnéaire du Jutland. Le vent de 14 nœuds vient pile de notre destination, mais il semble que les bords que nous devrons tirer longent le chenal de navigation et contournent parfaitement l’île de Samsø au milieu du jeu de quilles. C’est compter sans le courant de 2 nœuds de face qui rends nos bords carrés (c'est-à-dire, pas vraiment perpendiculaires). Lorsque l’ETA (Estimated Time of Arrival) dépasse l’heure du coucher de soleil (pourtant tardive), et malgré le plaisir de la navigation au près, nous sommes obligés de mettre le moteur pour traverser la passe étroite à l’ouest de Samsø. Après la passe, le vent tourne légèrement et nous permet de remettre les voiles jusqu’à l’entré de la baie d’Ebeltoft. Nous arrivons au port vers 20h.
Dimanche 15 juin : Journée de repos ensoleillée à Ebeltoft, entrecoupée de quelques travaux d’entretient et réparations.
Baltique 2014, épisode 5 : SHENANDOAH prend l'ascenseur...
Lundi 16 juin : Après un dernier au-revoir, Paul et Marianne nous aident à larguer les amarres vers 9h. Il est temps pour eux de mettre le cap au sud et découvrir à l’aise les îles danoises que nous avons doublées en trois longues étapes, avant d’entamer le voyage de retour. Quant à nous, nous poursuivons notre périple vers le nord. Plein soleil et calme plat, nous aurons droit aujourd’hui à notre premier bain de soleil en tenue légère. Nous contournons la pointe du fjord d’Ebeltoft et réglons le pilote automatique sur Anholt, une petite île danoise perdue au centre du Kattegat, à 40 miles. A une quinzaine de miles de notre destination, nous apercevons devant nous des rangées d’éoliennes que nos cartes ignorent (sauf celle de l’Ipad plus récente) : nous apprendrons plus tard qu’il s’agit du plus grand parc d’éoliennes danois, inauguré en 2012. Après un détour pour éviter cette zone interdite et très surveillée, nous découvrons le port de Anholt, niché dans un écrin de dunes. D’après les guides nautiques, cette destination est très prisée, et la marina souvent pleine en été ; mais aujourd’hui, la plupart des places sont libres, et l’amarrage prévu pointe au ponton et sur coffre à l’arrière n’est pas nécessaire. L’île, ourlée de grandes plages de sable, a beaucoup de charme, nous regrettons de ne pas pouvoir en profiter plus longtemps que le temps d’une promenade et d’une visite au petit supermarché local.
Mardi 17 juin : Départ de Anholt pour Varberg, la capitale de la province Suédoise de Halland. Cette fois encore, c’est le moteur qui nous emmène à destination, le vent n’est pas au rendez-vous. La température est plus fraiche que hier. A l’arrivée, nous préférons aux quais de la ville la marina calme et confortable au nord de la baie. Le ferry qui relie la ville à la marina est remplacé par un bus jusqu’à la « mid-summer night », trois jours plus tard. Qu’importe, un gros coup de vent est prévu après demain, mieux vaut partir demain pour Göteborg, nous pourrons visiter la ville le lendemain. Et pour notre première soirée en Suède, nous profitons du sauna de la marina.
Mercredi 18 juin : Pour rallier Göteborg, nous avons le choix entre la route côtière qui serpente dans un dédale d’îlots et de rochers, et la route au large, simplement balisée par trois bouées cardinales à laisser à tribord. Guy opte pour le large : choix judicieux, car après avoir viré la première cardinale, une légère brise de nord-est nous suggère de dérouler le génois ; un quart d’heure plus tard, la brise forcit : nous hissons la voile, coupons le moteur, et entamons un bord au près de 3h30. Le vent s’en va discrètement (comme il était venu), nous affalons les voiles et remettons le moteur. Le chenal d’entrée du fleuve « Göta Alv » qui arrose Göteborg est large et bien balisé, nous longeons de multiples îlots rocheux, certains garnis d’une petite maison de bois ou d’une balise. La marina de Längedrag, où nous comptons passer la nuit apparait entres les rochers, mais le chenal d’entrée est un mille plus loin. Nous accostons vers 15h.
Jeudi 19 juin : Comme prévu, le vent a commencé à souffler cette nuit… et souffle toujours. C’est l’occasion de faire connaissance avec Göteborg, où nous conduit un tram que nous prenons à 100m de la marina. La ville n’a pas grand chose d’exceptionnel, mais nous apprécions l’ancien hôtel de ville (1655) et les bâtiments avoisinants, les halles (opérationnelles depuis 1889) et l’animation du quartier à midi, le marché au poisson où nous achetons une salade de crustacés que nous dégustons sur place, et le quartier Haga dans la vieille ville ; l’opéra logé dans un ancien entrepôt ne nous laisse pas un souvenir impérissable, mais le lendemain, nous devons admettre que la vue depuis le fleuve est plus flatteuse.
Vendredi 20 juin : Nous commençons aujourd’hui à traverser la Suède d’ouest en est, et la première étape emprunte le « Trollhätte Kanal » qui relie Göteborg au lac Vänern (le plus grand de Suède), 44 mètres et 6 écluses plus haut. La sortie de Göteborg est plutôt industrielle, mais bientôt les grues font places à des falaises rocheuses, boisées et parsemées de villa blanches. Nous avons la surprise de mesurer un à deux nœuds de courant à contre. Nous rencontrons la première écluse, avec un dénivelé de 6 m, en début d’après-midi ; les échelles et bittes d’amarrage sont trop espacés pour pouvoir amarrer la poupe et la proue à des points différents, nous amarrons les deux à la même échelle, et devons déplacer les amarres au fur et à mesure de la montée ; nous ne nous en tirons pas mal en comparaison de nos voisins… Le paysage devient de plus en plus encaissé, et, dix milles plus loin, nous trouvons les écluses suivantes au détour d’un méandre, dans une tranchée entre les rochers. Cette fois, il s’agit d’un « ascenseur » de 3 écluses successives, suivi d’un petit lac, et d’une 4ième écluse, avec un dénivelé total de 32m ; nous réappliquons notre technique avec succès. Nous sommes arrivés à Trollhättan, au bord d’un superbe parc, au milieu des bois et des rochers. Le ponton du canal nous tend les bras ; nous n’hésitons pas à frapper les amarres pour deux ou trois jours.
Samedi 21 juin : Nous partons à vélo pour visiter la ville toute proche, et admirer ses célèbres chutes d’eau. A notre grande surprise, Trollhättan ressemble aujourd’hui à une ville fantôme, pour cause de « mid-summer », la plus importante fête suédoise après Noël. Vers 11h, la ville s’anime un peu, mais la plupart des magasins, restaurants et tous les sites touristiques restent fermés. Mais il fait beau, et nous retournons nous balader dans le parc, en attendant l’évènement du jour. Il y a longtemps que l’eau des anciennes chutes a été canalisée, soit dans le système d’écluses, soit par les centrales électriques locales : mais chaque samedi, la centrale supérieure ouvre ses portes de retenue pendant une dizaine de minutes, libérant 300.000 l d’eau par seconde, et ressuscitant ainsi les superbes chutes d’eau qui rebondissent sur les rochers, et remplissent le cours d’eau en aval (pratiquement à sec en temps normal) ; c’est un spectacle impressionnant, que nous admirons du pont « Oskar » tout proche. Nous retournons au bateau pour une nouvelle soirée dans ce petit paradis.
Dimanche 22 juin : Le projet de relier le lac Vänern à la mer par bateau, via le fleuve « Göta Alv », est très ancien, mais se heurtait à des obstacles majeur : de hautes chutes d’eau, en particulier aux environs de Trollhättan. La solution était de construire des canaux équipés d’écluses parallèles aux chutes. Trois systèmes d’écluses (de plus en plus larges) successifs ont été construits, vers 1800, 1844 et 1916 (celui qui est toujours opérationnel). C’est ce qui a donné naissance au « Trollhätte Kanal » qui emprunte les parties navigables du fleuve Göta Alv, et les canaux mis en place. Aujourd’hui, nous allons nous promener, au milieu d’un parc boisé, entre les écluses désaffectées de 1800 et 1844 ; nous pouvons admirer les tranchées dans les rochers, les vielles portes en bois et, parfois, le mécanisme de manipulation manuel toujours en place. Aux alentours, la nature a repris ses droits, et les vues sont superbes.