Princesse vs Duchesse

Quand une princesse s'accroche à une duchesse...
 
Il nous est tous arrivé, un jour ou l'autre, de ne pas être très bon.
Pour certains, cela arrive un peu plus souvent qu'à d'autres. Sans être un expert des « boulettes » ma venue tardive à la voile m'a permis de les cumuler dans un temps très restreint...
 
J'ai hésité à vous faire part de cette « expérience », sans doute la honte, peur rétrospective ou simplement la crainte du ridicule. Vous aurez noté que par discrétion à l'égard des acteurs, essentiellement moi et ma compagne, nous nous sommes lâchement masqués derrière les pseudos de Christian Fletcher (voir et revoir les « Révoltés du Bounty ») et Princesse (vous comprendrez rapidement l'ironie du pseudo).
Je remercie par avance tous ceux qui nous aurons reconnus de garder le secret de notre identité et surtout de nous conserver leur amitié.
 
C'était à l'époque où notre bateau était au ponton au bassin du commerce.
Sortie en mer classique et retour par Trystram, môle 2, pont de l'Université et ... le pont de Communauté ne s'ouvre pas. !
Sans dire que la chose est coutumière, je dirais pudiquement ne pas être surpris.
 
Comme il est l'usage dans cette circonstance, j'entreprends de faire des ronds entre le pont de la communauté et les pontons du bassin de la marine. Je tourne, tourne et retourne : Rien ne se passe.
 
J'informe « Dunkerque VTS » qui me répond qu'effectivement, « il y un problème technique »... A défaut de se dépêcher, une équipe est dépêchée. (Pas terrible comme humour).
 
Las de griller du sans plomb, Princesse suggère de «garer » le bateau en attendant l'ouverture miraculeuse. Il n'y a pas de ponton disponible et je ne souhaite pas m'éloigner du dernier obstacle vers mon ponton.
Princesse suggère d'attraper le balcon du bateau mouillé dans cette partie du bassin. Il s'agit du « Princesse Anne ». Pourquoi pas ?

Je prépare un bout que je confie à Princesse. L
e vent chasse mais en faisant en finesse, ça peut le faire. Je m'approche et Princesse agrippe fermement le balcon de « Duchesse Anne ». C'était exactement ce qu'il ne fallait absolument ne pas faire. Au lieu d'abandonner au plus tôt sa prise, ma Princesse s'arc-boute et renforce sa prise sur le balcon.

Le plus gros ayant souvent le dernier mot, « Duchesse Anne » ne bouge pas d'un millimètre. Par contre mon bateau se dérobe sous ses pieds et Princesse reste suspendue par les bras au dessus de l'eau.
 
Sous la pression aussi énergique que désespérée de ses jambes, mon bateau est chassé à plus de 3 mètres. Je manœuvre avec toute la rapidité dont je suis capable mais insuffisamment vite  pour me re-glisser sous les pieds de ma chérie.
 
Si le travail des jambes de Princesse a été, hélas, efficace, il n'en est pas de même ni de ses bras, ses mains, ou ses doigts qui finissent dans un magistral « Plouf ! » accompagnant le corps de princesse à l’a-pic de « Duchesse Anne ».
 
Un bonheur n'arrive jamais seul. Dans le feu de l'action, la douce sonnerie d'ouverture du pont retentit, si je loupe cette ouverture, il faudra attendre demain ou une autre date pour remettre le bateau au ponton.

Je repars vers les deux Princesses et je mets immédiatement à poste une échelle. Princesse accroche de ses mains le premier barreau et tente place ses jambes sur l'échelon le plus bas.
Le pont s'ouvre dans un délai record. Le cauchemar poursuit sa route.
 
Princesse, empêtrée dans ses vêtements détrempés, les bras ruinés, les mains usées n'arrive pas à remonter à l'échelle.
Moi à la barre, je tente d'éloigner le bateau du « Princesse Anne », elle , toute habillée de vêtements étant plus proches de l'éponge que de la tenue de soirée .n'arrive toujours pas à gravir les échelons.
 
Le constat est cruel, surtout pour Princesse, je suis incapable de la remonter à bord.
Je ne peux pas la remonter, je ne peux pas la laisser là. Le choix s'impose. Je passerai le pont et je récupérerai la naufragée dès que je serai passé : une trentaine de mètres à parcourir ainsi.
 
Je prends la route du pont de la Communauté, Princesse tragiquement accrochée à l'échelle. La scène se déroule en toute discrétion, à la fin d'une belle après midi ensoleillée d'été. Pas grand monde sur le pont, juste une vingtaine de personnes ébahies qui regardent ce drôle de convoi.
L'une d'elle, fort serviable m'interpelle et me montre du doigt l'étrange situation de Princesse. Je fais un petit signe amicale, ignorant l'allusion non dissimulée...
 
Le miracle se produit : un plaisancier, en Zodiac, sorti de je ne sais où se faufile sous les pieds de Princesse et la récupère sur le boudin de son bateau. Princesse est récupérée, saine et sauve, plus à l'aise sur le Zodiac que suspendue à mon échelle. On se demande bien pourquoi.
Le sauveteur se rapproche de mon bateau. Princesse, forte de ce nouvel appui réussit, sans vraiment de difficultés, à remonter à bord.
Le pont se referme.
 
Le sauveteur, comme tous les héros, tourne le dos avec son Zodiac, passe sous le pont, et discrètement, modestement disparaît sans attendre nos remerciements.
Petite aventure sans conséquences. Nous en rions aujourd'hui. Ce n'était pas le cas quand ça nous est arrivé. cool
 
Christian VIGREUX

Date de création : 24/09/2013 19:16
Dernière modification : 21/10/2013 11:02
Catégorie : - RECITS...
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