Norvège 2016 (1)

SHENANDOAH EN NORVEGE/ ETE 2016

Chapitre 1

Mardi 31 mai : Après une journée de déluge et de tempête à Wolphaartsdijk, mais illuminée par un récital de guitare de Gérard, un coin de ciel bleu nous surprend au petit matin par le hublot tribord. Nous nous préparons au grand départ, disons un dernier au revoir à Catherine et Gérard (de Benzai), et larguons les amarres en même temps vers 12h30. Benzai met le cap à l’ouest, Shenandoah à l’est. Le génois et le courant nous aident à rejoindre le Port du Roompot vers 16h30, malgré 35 minutes de ronds dans l’eau en face du Zeelandbrug (on  a dù oublier de l’ouvrir à 14h12).

Mercredi 1er juin – A notre petit lever, par le hublot tribord, nous ne voyons … rien ; juste l’ombre du ponton voisin dans un épais brouillard. Nous quittons le port à 7h45 et rejoignons l’écluse du Roompot à tâtons ; une heure plus tard, nous sommes en mer. Nous naviguons au milieu du chenal sans voir les bouées : vive l’électronique ! Dès que le brouillard se dissipe, le vent se lève, nous déroulons le génois et gagnons un nœud de vitesse. Le soleil essaie de percer les nuages. Nous galopons vers Rotterdam à 8 nœuds, avec l’aide du courant, et décidons de pousser jusqu’à Ijmuiden. Au large de Scheveningen, le vent refuse et forcit progressivement, le génois se dévente (nous le roulons), la mer se déchaine petit à petit, le courant diminue et finit par s’inverser… seul le soleil ne nous abandonne pas. Nous amarrons au port d’Ijmuiden à 19h45. La tempête se déchaine, nous nous couchons tôt, et nous endormons bercés par le bruit du vent dans les haubans.

Jeudi 2 juin – Le mauvais temps nous convainc de remonter vers le nord via le « Noordhollandskanaal» qui nous permettra de naviguer à l’abri du vent du Nord. Nous quittons Ijmuiden vers 9h20, et remontons l’Ij sous la pluie. A hauteur de Zaandam, nous empruntons le canal vers le nord ; la pluie ne tombe plus, mais le ciel reste très gris, et il fait froid. Les premiers milles traversent une région industrielle, qui se termine par une nuée de moulins à vent, puis nous naviguons en pleine campagne, émaillée de quelques jolies maisons. Les ponts se suivent et ne se ressemblent pas, mais se lèvent à notre passage. Nous atteignons Alkmaar vers 15h30.

Vendredi 3 juin – Journée d’entretien, de shopping et visite de Alkmaar à vélo. La vielle ville ressemble à un dédale de canaux, de ponts en bois et de ruelles, qui entourent le célèbre marché au fromage, et le superbe bâtiment de la pesée (« De Waag »). L’ancien marché au poisson le long du canal, la maison communale, l‘église Saint Laurent et la tour des accises (« Accijnstoren ») qui abrite le bureau du port ont beaucoup de caractère. Le marché du matin et le soleil ont attiré les touristes et l’animation bat son plein.

Samedi 4 juin – Départ vers 9h pour Den Helder, grand port militaire néerlandais, et terminus Nord du « Noordhollandskanaal». Le soleil brille, une légère brise du Nord rafraichit le cockpit, et nous progression lentement à travers la campagne, salués au passage par des hérons, des canards, des moutons et des pêcheurs. Comme jeudi, les ponts de lèvent dès notre approche ; nous ne cédons le passage qu’aux autobus et aux trains. Vers 13h40, nous passons l’écluse de sortie du canal, et après un bord de 5 miles, nous accostons au port d’Oudeschild (île de Texel). Nous voilà dans les Wadden et il fait beau !

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Chapitre 2

cool

Dimanche 5 juin – Nous sortons du port de Oudeschild à 7h30 précises, pour rejoindre Vlieland par la passe « Scheurrak », qui n’est navigable qu’à marée haute (comme souvent dans les Wadden !). Nous atteignons l’entrée de la passe sous génois seul, à une vitesse de 8 nœuds (avec l’aide du courant), mais la direction du vent nous interdit de continuer à la voile. Le balisage est excellent, nous atteignons le passage le moins profond vers 9h30, exactement à marée haute, en gardant près de 1 m d’eau sous la quille.  Nous rejoignons ensuite le chenal principal, et croisons une nuée de vieux gréements, toutes voiles déployées et brillantes au soleil. Nous amarrons au port de Vlieland (notre île préférée) vers 12h30, pour une après-midi de repos ensoleillé.

Lundi 6 juin – Shenandoah se glisse discrètement hors du port de Vlieland un peu avant 7h, pour prendre le large. Nous croisons quelques nuages noirs qui s’envolent vers la terre. Dès la sortie du chenal entre Vlieland et Terschelling, nous constatons que … le vent vient de face ; nous avançons au moteur. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages blancs, et gagne définitivement la partie vers midi. Le vent adonne un peu, et nous pouvons dérouler le génois qui stabilise le bateau et nous fait gagner un nœud. Nous traversons l’Ems et la frontière allemande, et arrivons à Borkum vers 20h, après 72 milles de navigation.

Mardi 7 juin – Jour de repos à Borkum (après la longue navigation de la veille). Nous joignons la seule ville de l’île en autobus, pour nous promener dans les rues animées, et arpenter la digue jusqu’au kiosk à musique. Sur la plage, les touristes profitent de cette belle journée chaude et ensoleillée pour se faire bronzer dans les « strandkorven », ces paniers de plage typiquement allemands ; par contre, les candidats baigneurs ne mouillent que leurs pieds.  De nombreux vélos circulent dans toute l’île, tandis que le petit train touristique multicolore va et vient entre le port et la ville, où il embarque ou débarque ses passagers en plein centre. Nous profitons de notre escapade pour faire quelques provisions.

Mercredi 8 juin – Nous quittons Borkum vers 7h et descendons l’Ems, très agité ce matin, ce qui nous empêche un peu de digérer notre petit déjeuner très matinal. Nous tirons un bord de deux heures vers le large pour éviter les bancs de sables qui s’étirent au nord des îles de Borkum et Juist. Lorsque nous virons enfin vers l’est, la mer se calme un peu, et nous pouvons comme hier dérouler le génois pour stabiliser le bateau. Le ciel est uniformément gris, et il fait froid. A l’approche de l’ïle de Norderney, nous constatons que le chenal d’entrée principal a été substantiellement déplacé depuis notre dernière visite, il y a 2 ans, tandis que le chenal secondaire est carrément supprimé, vu l’ensablement (ça, on le savait, grâce à l’update du guide nautique) ; nous avons un peu de peine à trouver la première balise, puis nous contournons l’île en suivant sagement les petites balises rouges et vertes. Nous amarrons au port de Norderney vers 13h30.

Jeudi 9 juin – Matinée zen à bord de Shenandoah, le coup de vent du Nord sensé passer cette nuit a oublié de se calmer, et le ciel reste couvert. L’après-midi, nous enfourchons nos vélos pour nous rendre en ville (la seule de l’île), et embarquons dans le petit train qui fait le « tour de l’île ». Norderney est couverte de dunes, fragilisées par les terriers de lapins, et donc interdites au public. Une seule route et une multitude de pistes cyclables serpentent à travers les dunes, tandis que quelques chemins de promenades en planches permettent de joindre les plages et les points d’intérêt. La route est surtout fréquentée par les vélos (les voitures des touristes n’ayant droit qu’à deux heures de circulation par voyage), quelques autobus, et le petit train. Nous faisons une halte près de la plus grande plage au Nord de l’île, que nous découvrons après avoir franchi la haute dune qui la cache de la route. De retour en ville, nous dégustons une bière allemande sur une terrasse ensoleillée, mais la température ne dépasse pas 15° et nous supportons bien notre polaire.

Vendredi 10 juin – Deuxième jour de repos à Norderney, pour éviter le vent et surtout les vagues d’1m70 de face, tandis que la météo nous promet un vent de secteur sud pour demain. Le soleil est toujours au rendez-vous, et les 15° de température aussi. Conditions idéales pour découvrir, à vélo,  les pistes cyclables qui sillonnent les dunes et escalader, à pied, les chemins de planche qui mènent à de splendides points de vue.

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Chapitre 3

cool

Samedi 11 juin – « Wind Guru » a revu à la baisse ses prévisions de vent et de vagues, il annonce un force 2-3 pour aujourd’hui. Nous quittons Norderney peu avant 9h, par mer calme, et affrontons un vent de 2 nœuds dès que nous quittons la protection des îles; dans la journée, il forcira jusqu’à 6 nœuds. Nous arrivons à Helgoland vers 16h, sous un ciel toujours chargé, mais au sec. L’île d’Helgoland est un rocher rouge perdu au milieu de la mer du Nord, qui abrite une petite sœur sablonneuse nommée « Düne ». Dans le port d’Helgoland, chargé ce samedi, nous trouvons une place 4ième à couple le long du ponton et nous amarrons à un voisin sympathique.

Dimanche 12 juin – Journée de promenade et shopping dans la ville basse. C’est la principale activité sur la seule île off-shore (et hors taxe) allemande, les magasins sont ouverts tous les jours entre l’arrivée du premier et le départ du dernier ferry. Il a plus cette nuit, et quelques gouttes viennent agrémenter notre promenade en ville. Malgré le vent et le mauvais temps, beaucoup de plaisanciers prennent le large dans la matinée (probablement ceux qui ont d’autres occupations lundi), et nous nous amarrons au ponton vers midi, face au vent. Lorsque nous rejoignons Shenandoah peu après 17h, la pluie se remet à tomber.

Lundi 13 juin – Dans la matinée, nous prenons l’ascenseur pour la ville haute, et rejoignons le haut plateau herbeux de l’île (peuplé essentiellement de moutons, surtout des noirs) pour faire la promenade le long des falaises. Les vues sont superbes, particulièrement au nord-ouest de l’île où les falaises sont envahies par les fous de bassan en période de reproduction (photo 8). A certains endroits, nous pouvons nous approcher d’eux (même des femelles qui couvent) à un ou deux mètres, sans qu’ils ne bronchent ; bien entendu, cette ménagerie développe une forte odeur de poisson. Nous terminons la promenade par la face est, à travers les jardins potagers installés face à la mer. D’ici, nous pouvons admirer l’île de Düne et ses longues plages blanches. Comme hier, nous nous sommes réveillés sous la pluie, mais le temps s’est amélioré petit à petit, et nous rentrons au bateau vers 16h30 sous le soleil.

Mardi 14 juin – Nous nous réveillons sous la pluie, enfilons nos cirés et, vers 9h, prenons le cap de Hornum, sur l’île de Sylt (la dernière île allemande). Au passage, nous faisons le plein de diesel sous une pluie battante. Les averses nous poursuivrons jusqu’en fin d’après-midi. La bouée d’atterrissage qui balise l’entrée du chenal du port n’est pas à l’endroit indiqué par les cartes, mais nous l’apercevons au lointain, et nous amarrons sagement dans le petit port d’Hornum vers 16h (photo 9). Le temps de faire quelques emplettes au village (quelques maisons blanches à toit noir nichées au pied des dunes), et nous pouvons prendre l’apéritif sur le pont, tandis que nous vêtements sèchent.

Mercredi 15 juin – Nous ouvrons les yeux ce matin, les tournons vers le hublot de la cabine et constatons : « yadusoleil ». Nous larguons les amarres vers 9 heures et profitons de la marée montante pour emprunter le chenal entre les bancs de sables, salués au passage par des phoques en plein travail de pêche, et une bande de petits dauphins qui nous croisent.  Nous décidons profiter du beau temps (T-shirt jusqu’en milieu d’après-midi) pour poursuivre la navigation jusqu’à Esbjerg. Nous contournons la jolie île de Fanø, la plus nordique des îles de Frise, et nous amarrons vers 18h30 dans le port de plaisance d’Esbjerg, aménagé au cœur du grand port industriel. La gentillesse de nos voisins de ponton nous fait oublier l’environnement. Shenandoah arbore maintenant le pavillon de courtoisie danois.

Jeudi 16 juin – Nous sortons du port vers 9h sous la grisaille matinale. Nous quittons définitivement la mer des Wadden, et passons devant le parc d’éoliennes « Horns Rev » complètement à l’arrêt. Le soleil perce rapidement les nuages, et, à partir de midi, nous pouvons nous livrer à la bronzette. Les températures ont lentement remonté au cours de la semaine, et nous frôlons maintenant les 20°. Vers 16h, nous pénétrons entre les dunes dans l’embouchure du fjord de Ringkøbing, où se niche le port de Hvide Sande, un grand port de pêche encore très actif. Deux petits pontons visiteurs ont été installés en face de la minque, au milieu des chalutiers (photo 10). Nous nous y amarrons en dérangeant la cohorte de mouettes qui y avait élu domicile. Les dunes et la plage sont toute proches. Nous finissons par nous habituer à l’odeur de poisson. Vers 21h, le capitaine du port vient nous informer que la nuitée est gratuite, parce-que les prises électriques ne fonctionnent pas.

Vendredi 17 juin – Le soleil nous encourage à avancer notre départ à 8h30, et après un demi-mille, nous sommes en eaux saines et pouvons mettre le cap sur Thyborøn. Cela nous change des chenaux entre les bancs des îles de Frise, où on n’atteint la bouée rouge et blanche qu’après 10 milles. Nous naviguons près de la côte avec une vue imprenable sur une plage de 80 km de sable blanc, bordée de dunes ; de temps en temps, une balise sur la plage, une maison dans la dune ou un petit groupe d’éoliennes nous rappellent que le Jutland est une zone habitée. Nous pouvons admirer au passage la falaise de sable de Bovbjerg (photo 11). Nous entrons dans le Limfjord et nous amarrons dans le port de Thyborøn vers 16h.


Date de création : 07/06/2016 15:44
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