Shenandoah - Baltique 3

Episode 11

Dimanche 20 juillet : A 7h03, nous larguons les amarres, ramenons l’ancre arrière, et nous faufilons entre les derniers cailloux de l’archipel de Stockholm, tout en prenant notre petit déjeuner, avant de mettre le cap sur l’île de Gotland. A nous le grand large, à nous le plaisir de la voile ! Le vent, d’abord timide, nous pousse à 4-5 nœuds vers notre destination, puis, comme nous lui faisons confiance, il forcit et nous offre un superbe bord de 2 heures au travers, à une vitesse de 6-7 nœuds ; évidemment, il finit par s’essouffler, le loch tombe en dessous des 5 nœuds, et la bôme commence à osciller d’un bord à l’autre, poussée par son poids et par la houle : il est temps de refaire appel à Volvo. Nous pourrons cependant garder les voiles en assistance du moteur (ou le contraire) pour l’essentiel des 68 miles de trajet. Nous arrivons vers 18h dans un ancien port de pèche, équipé de mouillages arrières pour les bateaux de plaisance, tous occupés… Nous arrivons cependant à intégrer Shenandoah entre deux bateaux, et à l’amarrer au même mouillage que son voisin, avec l’aide efficace d’autres plaisanciers. Le port est bordé de quelques maisonnettes de bois rouge et d’une grande plage de sable ; derrières le quai protégé des vents par un mur de pierre, le paysage est plus sauvage : une plage de galets et de rochers, bordée d’algues, se termine par un des plus beaux « rauka » de l’île.

Lundi 21 juillet : Un petit chemin mène du port aux « rauka » qui bordent la côte au sud du port. Ces impressionnantes tours calcaires aux formes biscornues datent de la formation de l’île, il y a 400 millions d’années, et contiennent des fossiles de l’époque. Le chemin monte sur la falaise, puis serpente à travers la forêt de conifères ; on n’y entend que le bruit de la mer et le chant des oiseaux. Il débouche sur une grande clairière, surplombée par la « Jungfru », le rauka qu’on aperçoit depuis le port. Plus loin, le chemin surplombe de superbes plages de sable… inaccessibles. L’après-midi, un bain de mer nous rafraîchit agréablement, mais notre projet de sécher au soleil sur la plage est compromis par un banc de brume qui traverse le port ; il passe assez vite et ne nous empêchera pas de prendre l’apéro sur le pont, pour compléter cette journée de repos, au calme, en pleine nature.

Mardi 22 juillet : Nous nous levons tôt pour rejoindre Visby, la capitale de l’île de Gotland, un lieu de villégiature très prisé par les suédois. Le vent lui se lève beaucoup plus tard, un peu avant 10h, alors que nous sommes déjà en vue du port. Visby est une ville hanséatique qui fait partie du patrimoine de l’Unesco. Nous flânons dans les ruelles étroites, aux maisons anciennes ; nous faisons le tour du mur d’enceinte qui date du 13ième siècle ; nous admirons les parcs, les jardins fleuris de roses et les vitraux de la cathédrale ; et, le soir, nous écoutons un concert en plein air du pont de Shenandoah.

Mercredi 23 juillet : D’une île à l’autre, nous mettons aujourd’hui le cap sur Oland, une longue île qui s’étend en face de la côte sud-est de la Suède, réputée pour ses plages. Le vent qui vient du grand largue se lève dès que nous nous éloignons des terres ; nous hissons le gennaker avec un peu d’hésitation : avec le vent de vitesse, l’allure risque d’être proche du travers. Mais la voile se remplit bien, et nous avançons à 4-5 nœuds ; le vent forcit dès que nous dépassons la pointe sud de l’île de Gotland, et nous atteindrons des pointes de 7 nœuds. A l’approche de l’île d’Oland, nous entrons dans ses eaux territoriales d’Oland, et passons une frontière importante pour les harengs : effectivement, le « Clupea Harengus » pêché au nord de l’île d’Oland est petit et maigre, à cause de la faible concentration en sel de la baltique nord, et porte en suédois le nom de « strömming », tandis que celui pêché au sud de cette frontière est grand et gras, grâce à la salinité de la mer, et porte le nom de « sill » . Au mouillage initialement prévu, qui nous semble au passage mal protégé du vent du nord, nous préférons le petit port de Byxelkrok, près de la pointe nord de l’île. Le port paraît plein, mais le capitaine de port nous trouve une bonne petite place dans un coin, 4ième à couple. Cela nous rappelle certaines étapes de la route de l’Amitié !

Jeudi 24 juillet : Nous continuons la visite de l’île d’Oland, et mettons le cap sur Borgholm, sa capitale. Le vent se lève dès que nous approchons de notre destination, un peu après midi. Nous entrons dans un joli port disposant de beaucoup de places libres, sur coffre arrière. L’hôtel blanc, la plage et le pavillon des bains de mer en face du port affirment la vocation de « ville de vacances » de Borgholm, ce que nous confirmera aussi notre promenade en ville de l’après-midi.

Episode 12

Vendredi 25 juillet : Nous quittons l’île d’Oland pour rejoindre la ville de Kalmar, sur le continent. Le vent s’est levé un peu plus tôt que les jours précédents, et nous un peu plus tard, ce qui nous permet de rejoindre Kalmar à la voile, d’abord sous foc seul (le vent est pratiquement arrière), puis sous Gennaker. Nous arrivons vers 13h, et avons un large choix de places à quai. Après-midi entretient/maintenance (et oui, il en faut), tous hublots ouverts, sous un soleil de plomb : la vague de canicule qui se prolonge était plus supportable en mer. Le soir venu, nous nous plongeons avec délice sous la douche froide.

Samedi 26 juillet : Journée idéale pour la visite de notre dernier château en Suède : ses épais murs épais devraient nous protéger de la chaleur. Bâti à partir d’une tour en bord de mer, datant de la fin du 12ième siècle, sensée protéger les habitants contre les pirates environnants, le château de Kalmar a été agrandi, fortifié et modernisé au fil du temps, d’abord en place forte médiévale, puis en palais de style renaissance. Stratégiquement placée aux portes du Dannemark, à l’époque où les provinces du sud faisaient partie du territoire danois, son heure de gloire a été la signature du traité de formation de l’Union de Kalmar, concoctée par la reine Margaret de Dannemark, réunissant Norvège, Dannemark et Suède sous une seule couronne (celle de son fils adoptif), avec une politique étrangère commune. La ballade dans le parc fleuri du château est agréable, et la visite guidée nous en apprend un peu plus sur l’histoire de la Scandinavie et la vie des rois à l’époque de la renaissance. De retour au bateau, nous passons les heures les plus chaudes à nous reposer, avant de partir pour une expédition shopping, au centre commercial voisin, à vélo. Dans la soirée, nous redécouvrons un phénomène météorologique que nous avions oublié depuis un mois : une fine pluie se met à tomber ; nous fermons le hublot central avant d’aller nous coucher.

Dimanche 27 juillet : Le ciel est toujours couvert, et un petit crachin nous incite à enfiler nos cirés complets, pour ne pas mouiller nos shorts. Nous établissons les voiles à la sortie du port, et Shenandoah part au travers vers Kristianoppel, notre prochaine étape. Le vent forcit un peu, et le ciel se déchaine brusquement ; pendant une demi-heure, nous sommes copieusement arrosés. Puis le ciel s’éclaircit, et le vent tombe ; de loin, nous observons l’orage qui ravage l’île d’Oland, à notre tribord, en espérant l’éviter. Le vent varie de 6 à 18 nœuds, et nous réglons constamment les voiles en fonction de l’allure ; à 20 nœuds, nous rentrons un peu de foc, prenons un ris, et quand l’anémomètre monte à 25 nœuds à 2 milles de notre destination (au milieu des cailloux), nous affalons tout. Bonne décision que vient confirmer une pointe à 32 nœuds. Le capitaine aperçoit quelques bateaux à l’arrêt devant l’entrée du port, et suppose, avec son optimisme habituel, qu’ils sont à l’ancre parce-que le port est plein. Heureusement, il n’en est rien, un bateau en difficulté au milieu du port empêche provisoirement l’accès, qui se dégage à notre arrivée. En ce dimanche, une foule de touristes se ballade sur le port, où les cabanes de bois rouge abritent cafés, restaurants et boutiques d’objets artisanaux. Le village fleuri est blotti entre deux rues, et des morceaux de rempart rappellent la place stratégique de la « ville » (81 habitants aujourd’hui) du temps où elle était danoise (en face de la forteresse suèdoise de Kalmar !).

Lundi 28 juin : Ce matin, nous mettons le cap sur Utklippan, une petite île au milieu de nulle part, à plusieurs milles au sud de la côte suédoise. Aussitôt sortis du port, nous sommes engloutis dans un épais brouillard ; nous croisons un bateau à 250m, bien visible au radar et à l’AIS, mais pas avec les yeux. Le brouillard se dissipe après deux heures, et nous apercevons bientôt une terre à l’horizon, puis le phare rouge de l’île d’Utklippan. Le petit port rectangulaire, bâti sur l’île voisine, est à l’abri des vents de toutes directions (quand il y en a !) ; il dispose d’une trentaine de places à quai, et plusieurs d’entre elles sont encore libres ; bien entendu, ce soir, les bateaux seront 3 ou 4 à couple. La seule construction de l’île est le petit bâtiment sanitaire du port ; sur l’île d’Utklippan (accessible avec les barques prêtées par le port) se dressent quelques maisons rouges et le phare visible de loin. Les deux îles sont entourées de rochers découpés, parfois couverts d’algues jaunes ; des plantes et fleurs multicolores poussent entre les rochers. Les îles sont habitées par une multitude d’oiseaux, qui se laissent photographier sans bouger : elles font un peu penser à la petite île danoise de Fredriksö qui nous avait tant charmés il y a deux ans. Après une promenade sur les rochers, nous allons nous reposer au soleil sur le bateau et nous rafraîchir dans l’eau du port et des deux petits avant ports, comme nos voisins. Le soir, les barbecues s’organisent, tandis que les occupants d’un bateau voisin donnent un petit concert improvisé. Le capitaine allume notre barbecue sur le quai, et nous dressons la table dans le carré, pour déguster les steaks « cooked to perfection », accompagnés d’une salade verte et d’une salade de pommes de terre.

Mardi 29 juin : Nous larguons les amarres à 8 h, et quittons Utklippan et mettons le cap sur Simrisham, pour un long bord de plus de 50 milles vers le sud-ouest, dans le brouillard le plus complet. Aucune trace ne vient nous inquiéter, ni sur l’AIS, ni sur le radar, nous avançons dans l’ouate et n’entendons que le bruit du moteur, et celui des avions de chasse qui s’entraine au dessus de notre tête. Le temps s’éclaircit un peu à l’approche de notre destination, nous apercevons d’autres voiliers dans les environs, et rentrons dans la marina sans problèmes. Au milieu de la nuit, le vent et la pluie se déchaineront, pour se calmer le lendemain matin.

Episode 13

Erratum : le brouillard a du persister dans ma tête, nous étions bien à Utklippan les 28 et 29 JUILLET (et pas juin comme indiqué dans le précédent journal de bord).

Mercredi 30 juillet : Journée de repos/visite à Simrisham ; il a plu cette nuit, et le ciel gris nous fait craindre un peu d’eau aujourd’hui ; nous partons cependant nous balader en ville en T-shirt et gagnons notre pari ; la pluie ne reprendra qu’en fin de soirée. Simrisham est un port de pêche (les nombreux casiers que nous avons dû éviter à l’approche du port nous l’ont rappelé), aux rues tranquilles bordées de maisons pastel, sauf bien sûr la rue commerçante très animée malgré la menace de pluie. Une petite place entre l’église et la maison communale accueille quelques échoppes de fruits. Près du port, les terrasses des restaurants sont bondées à l’heure du déjeuner : ce soir, nous irons en tester un, en remplacement du barbecue prévu et remis à une date ultérieure pour cause météorologique.

Jeudi 31 juillet : Départ pour Ystad, à une trentaine de milles ; notre premier bord est vers le sud, pour doubler un cap à une quinzaine de milles ; le vent d’est promis est au rendez-vous… même un peu plus fort que prévu ; un ris dans la grand voile ne sera pas de trop. Le bateau marche super bien, nous arrondissons le cap en lofant, et caressons l’espoir d’un grand bord au large au près serré, pour rejoindre notre destination finale à la voile. Mais notre enthousiasme tombe dès que nous avons doublé le cap, la mer se déchaine, et le vent dépasse les 25 nœuds : nous choisissons l’option moteur pour la deuxième partie du trajet, et sommes contents d’arriver à Ystad, l’estomac un peu barbouillé. Dans l’après-midi, le vent continue à forcir, tandis que nous découvrons la ville.

Vendredi 1er août : Nous quittons Ystad pour Klintholm, sur l’île danoise de Møn, à une cinquantaine de milles au sud de Copenhague. Le vent au départ a la force idéale, mais pas la bonne direction (dans le pif), puis il prend la direction idéale (au travers), mais faiblit trop pour avancer ; nous gardons cependant les voiles hautes pour assister le moteur. Nous affalons définitivement (pour cette année) le pavillon de courtoisie suédois, que nous arborions depuis 45 jours, pour le remplacer par le danois. A partir de Klintholm, nous revoici en terre (et mer) connues ; à l’exception de Travemünde (et Lübeck), les étapes suivantes faisaient partie de nos vacances de 2012 ou de 2009. Nous doublons les superbes falaises de l’île de Møn, qui démentent la réputation du Dannemark de « plat pays », et entrons dans le port de Klintholm, à moitié vide. Nous choisissons un ponton proche de la plage, en face de l’emplacement réservé aux barbecues. L’eau de mer se révèle particulièrement chaude ; il est vrai qu’elle n’est pas très profonde en face de la plage, et protégée par un banc de sable qui longe la côte. Le soir, tandis que le capitaine met le feu aux briquettes, nous dégustons notre apéritif au soleil.

Samedi 2 août : Jour de repos complet à Klintholm : en 2009, avec nos amis d’Elsie, nous avons déjà fait la promenade de 3 km le long des falaises, descendu l’escalier en bois de plus de 700 marches jusqu’à la mer, longé la plage jusqu’à notre point de départ… et remonté un autre escalier en bois de plus de 700 marches ; le bateau ne requiert pas de travaux particuliers d’entretient ; les provisions de nourriture sont suffisantes pour quelques jours ; bref, aucune autre activité prévue que le repos. Le ciel est un peu mitigé ; à midi, la baignade apéritive à l’eau de mer est immédiatement suivie d’une douche à l’eau de pluie. Le vent se met à souffler plus fort que prévu, on vient d’entendre à la VHF qu’un bateau a démâté au large de Klintholm… qu’on est bien à quai pour le moment !

Dimanche 3 août : Il est temps pour le pavillon danois de rejoindre son ami suédois dans le fond du tiroir, et pour le pavillon allemand de remonter au mat, nous quittons aujourd’hui Klintholm pour le port de Warnemunde, sur la côte nord de l’Allemagne. Malgré les prévisions de maximum 6 nœuds de vent, nous pouvons naviguer à la voile pendant deux bonnes heures, d’abord au travers, puis au près, jusqu’à ce que le vent refuse encore (nous enroulons le génois) et encore (nous affalons la grand voile), et tombe en dessous de 4 nœuds, comme prévu ; comme prévu aussi, il fait très chaud, l’averse qui nous a copieusement arrosés ce matin est oubliée (nous avons quitté nos cirés), et les orages sont passé à côté de nous. Vers 11h, une radio allemande envoie sur la VHF un avis de coup de vent pour la baltique sud, à 15 m/s (30 nœuds) : le capitaine prend immédiatement les mesures qui s’imposent, il chausse ses bottes, réenfile son ciré, se félicite d’avoir affalé les voiles, et suggère de préparer les tartines du déjeuner « avant que cela ne secoue trop ». Ensuite, nous étudions tous les deux cartes et livres à notre disposition pour trouver le havre idéal, et concluons que le petit port de Gedser (à la pointe sud du Dannemark), derrière la gare des ferrys, à une dizaine de mille, ferait l’affaire. Comme il ne nous reste qu’une trentaine de milles jusqu’à destination, avant de prendre une décision, le capitaine rappelle la station radio pour savoir à quelle heure le coup de vent est attendu : ils nous répondent que les avis sont diffusés 24h d’avance, et celui que nous avons entendu a été émis à 9h02 UTC ; ils répètent ensuite ces informations sur le canal 16. Nous gardons le cap et dégustons nos tartines avec appétit. La traversée se poursuit sans vent et par mer calme, et nous accostons à la marina de Warnemunde vers 16h ; cette marina, qui fait partie d’un complexe hôtelier de luxe installé à l’embouchure de la rivière Warnow, sur la rive droite, est super équipée, rarement pleine et pratique des prix démocratiques.

Lundi 4 août : Nous achetons un billet TTBB (Train, Tram, Bus, Bateau) pour aller visiter la ville hanséatique de Rostock, à 5km en amont sur la rivière Warnow. Warnemunde et Rostock se trouvent sur la rive gauche de la rivière, un ferry, un train et un tram nous emmènent à la grand place de Rostock (Neuer Markt), point de départ de la visite. Bien qu’en partie détruits pendant la guerre, les monuments historiques ont été superbement restaurés : l’hôtel de ville à double fronton, l’église Sainte Marie et son horloge astronomique, les remparts de la ville, et les deux magnifiques portes qui subsistent, l’université (une des plus vielles d’Europe, 1419), la fontaine sur la place de l’université, et partout, des maisons colorées de style hanséatique nous séduisent tous les deux ; la rue principale est noire de monde, Rostock est une des destinations classiques de croisières en baltique, et deux énormes bateaux de croisières sont amarrés à Warnemunde ; dans l’ancienne partie de la ville, moins touristique, la « vielle » grand place (Alter Markt), l’église Saint Pierre à la tour très pointue et l’église Saint Nicolas (la plus vielle de la régions baltique) nous ont aussi charmés.

Mardi 5 août : Nous reprenons le ferry pour nous promener à Warnemunde, une station balnéaire sympathique et animée. Nous en profitons pour faire quelques provisions, avant de rentrer nous reposer au bateau.

Mercredi 6 août : Nous poursuivons nos visites des villes hanséatiques, aujourd’hui c’est à Wismar que nous amène le train à travers la campagne ; après Stralsund (que nous avons visité il y a deux ans) et Rostock, nous admirons la remarquable restauration, entreprise après la réunification (et toujours en cours) de ces villes anciennement en Allemagne de l’est. Au départ de la gare, nous rejoignons le centre ville à travers des rues calmes, et traversons un petit canal artificiel qui se termine dans la mer baltique. Les maisons aux tons pastels, surmontées d’élégants frontons qui dépassent généralement le toit, sont plus jolies les unes que les autres ; elles nous semblent plus authentiques qu’à Rostock. Elles bordent aussi la grand place qui abrite l’hôtel de ville tout blanc et l’ancienne pompe à eau qui a fourni la ville en eau potable jusqu’en 1897. Les plus anciennes constructions sont de style « gothique » en brique rouges, notamment l’église Saint Nicolas dont la décoration intérieure est en briques nues, la dernière porte de l’enceinte de la ville et la court des Princes qui fut le siège des Ducs de Mecklenburg… Ambiance différente, moins touristique, mais autant de charme, si pas plus, que Rostock.

Episode 14

Jeudi 7 août : Nous quittons la marina de Warnemunde, et longeons quelques vieux gréements qui vont participer au festival « Hanse Sail 2014 » le week-end prochain. Nous mettons le cap sur Travemunde, à l’embouchure du fleuve Trave (qui l’eut cru ?), l’ancienne frontière entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est. Le vent nous permet de hisser les voiles, et avancer au travers pendant une bonne heure; il s’épuise, mais se réveille plus tard pour nous offrir un bord de près dont nous profiterons jusqu’à son dernier souffle ; puis, le ronronnement du moteur nous bercera jusqu’à la fin de l’étape. Le soleil est caché derrière les nuages, et une petite veste nous tient au chaud à la barre. Un peu de brume vient parfois grignoter la côte, et quelques gouttes froides nous surprennent de temps en temps. Nous arrivons à Travemunde en fin d’après-midi. Sur la rive gauche (ouest) du fleuve, les bateaux de pêche, les voiliers, les bateaux moteurs et les bateaux de promenade s’empilent pêle-mêle, le long des quai, ou sur des pontons ; il n’est pas facile à première vue de distinguer où sont les places disponibles pour les « passants » comme nous ; les marinas recommandées par les guides nautiques sont loin de la ville, en amont du fleuve ; nous choisissons une place libre au hasard, plus près du centre ville, et atterrissons dans une extension du port de pêche, destinée aux passants.

Vendredi 8 août : Nous terminons notre programme de visites des villes hanséatiques par Lübeck, que nous rejoignons en bus, suivant le conseil du capitaine de port. Située sur la rive gauche du fleuve, elle faisait partie de l’Allemagne de l’Ouest avant la réunification. La vielle ville est beaucoup plus étendue que celles que nous venons de visiter, et les bâtiments anciens plus éparpillés ; la plupart sont de style gothique, dans les traditionnelles briques rouges, et richement décorés, en particulier la porte « Holstentor » en face d’un joli parc, le grenier à sel, l’hôtel de ville sur la grand place, l’hôpital « Heiligen Geist », un des premiers hôpitaux gothiques d’Europe, et, bien sûr, la cathédrale et les multiples églises. Il nous semble cependant que tous ces bâtiments sont moins bien mis en valeur qu’à Rostock et Wismar… et nous avons parfois une désagréable impression d’exploitation du touriste.

Samedi 9 août : Après avoir acheté une grosse plie aux pêcheurs, nous hissons les voiles (avec deux ris) pour sortir de la baie de Lübeck, passer sous le pont du Fehmarnsund qui relie l’île de Fehmarn au continent, et rejoindre Heiligenhafen, notre prochaine étape. Nous déroulons une partie de génois, que nous réduirons encore en quittant le fond de la baie. Nous avançons bien, au grand largue, dans une mer hachée par le vent de la veille ; on est mieux sur le pont que dans la cabine. Après une heure, nous abattons et le vent adonne : la grand voile dévente le génois, nous l’affalons et déroulons tout le génois qui nous portera jusqu’à l’entrée du chenal d’Heiligenhafen. Après une petite sieste à l’arrivée, il est l’heure de vider et mettre en filet le poisson qui nous attend au frigo ; le capitaine le préparera avec une sauce moutarde, et nous nous régalerons dans le confort du carré.

Dimanche 10 août : Dès la sortie du chenal d’Heiligenhafen, nous hissons le génois, et un petit vent nous pousse doucement vers l’est, au grand largue. Aujourd’hui, la mer est calme, et le soleil perce les nuages. Nous résistons à la tentation de hisser la grand voile, sachant que le vent va adonner (et la voile va déventer le génois, histoire connue), et surtout va forcir. Bonne décision ! Cinq heures plus tard, nous approchons du fjord de Kiel où nous comptons passer nos deux dernier jours en baltique ; le vent est passé de 12 à 22 nœuds, et vient pratiquement de l’arrière. Il forcit encore, et après une rafale à 32 nœuds, le capitaine suggère de réduire la toile. L’arrivée à l’ « Olympia Marina » de Schilksee, sur la rive ouest du fjord de Kiel, est plutôt sportive ; heureusement, nous avons trois places libres (nous choisissons celle du milieu) pour manœuvrer et régler les amarres ; l’eau du port n’est pas trop froide pour aller chercher à la nage l’extrémité tombée à l’eau ; reste à croiser les amarres arrière, avec l’aide efficace des winchs, manœuvre au cours de laquelle une abeille téméraire pique le capitaine (il râle). Finalement, le bateau est parfaitement amarré, le vent peut encore forcir cette nuit, comme prévu.

Lundi 11 août : Nous avions prévu deux jours de « réserve météo » pour le trajet jusqu’à Kiel, et on annonce effectivement du vent de 6/7 Beaufort pour deux jours. Aujourd’hui sera un jour de repos complet, l’Olympia Marina est un centre de régates important… loin de tout. La galerie marchande, dont nous avons vite fait le tour, se limite à quelques shipchandlers, des magasins de vêtements sportifs, un voilier, un café, un restaurant, et une toute petite supérette dont la fraicheur des quelques légumes laisse à désirer, et qui vend essentiellement des boites à conserve : les sportifs ne sont probablement pas intéressés par la grande cuisine à bord. La ville la plus proche nous paraît trop loin pour nos jambes. Même forcé, le repos est toujours agréable…

Mardi 12 août : Bye Bye Baltique… Nous décidons d’entamer la traversée du canal de Kiel, et de nous arrêter un jour à Rendsburg qui offre plus d’attrait que l’Olympia Marina. Sur papier, la météo ne semble pas s’arranger, mais à première vue, la mer est calme, et l’entrée du canal n’est qu’à quelques milles à l’intérieur du fjord. Le vent de 20 nœuds (de face) qui nous accueille à la sortie de la marina diminue progressivement jusqu’à 6 nœuds. Une des écluses professionnelles du canal s’ouvre à notre arrivée. Nous amarrons sans problèmes en compagnie de cinq autres plaisanciers, et regardons les portes de la Baltique se fermer derrière nous avec un petit pincement au cœur. Nous enfilons le canal, pareil à lui-même ; au rayon des attractions, nous dépassons un ancien brise glace dont la machine à vapeur, au charbon crache une épaisse fumée noire. Le vent très modéré nous offre de temps en temps quelques rafales de 16 à 20 nœuds, par exemple quand nous empruntons le chenal qui mène à Rendsburg (nous nous inquiétons un peu pour l’amarrage), par exemple lorsque nous tournons dans la marina à la recherche d’une place (le stress monte), par exemple quand le capitaine dirige Shenandoah vers la place choisie… et le vent s’essouffle pour quelques instants : nous entrons doucement dans la place, frappons les amarres arrières aux poteaux en bois et les amarres avant au ponton, croisons les amarres arrières selon la procédure connue, tout cela dans le calme et la sérénité. Le soir, le port est plein…, le resto aussi : heureusement, nous avions réservé dès notre arrivée.

Mercredi 13 août : Nous voulions un peu de vent ? Il semble que nos désirs s’exhaussent ! Les météo annoncent toutes une semaine de tempête en mer du Nord. Hier soir, dans le petit salon de la marina, un groupe de hollandais stressés écoutait avec attention un guru équipé d’une tablette Androïd, affichant des flèches rouges (vent fort) ; la conclusion du guru était la même que celle du capitaine de Shenandoah, dont le téléphone (Androïd) est équipé du même software: vent très fort jusqu’à mardi prochain, avec une « petite fenêtre » vendredi et samedi. En attendant, nous découvrons Rendsburg où nous nous arrêtons pour la quatrième fois ! Une visite au supermarché (à 400m) nous permet de faire le plein du frigo, et nous passons l’après midi dans la « vielle ville » (à 800 m) à admirer les monuments anciens et profiter de l’ambiance sympathique et même ensoleillée.

Jeudi 14 août : Départ matinal après un plein de mazout, nous devons sortir du canal à temps pour profiter du courant descendant dans l’Elbe … et espérer trouver une place au port de Cuxhaven, qui abrite probablement déjà beaucoup de bateaux en attente d’une météo plus clémente. La journée monotone oscille entre pluie et soleil, le vent de face ne nous empêche pas d’avancer. Un bateau de croisière de 200m de long, le « Boudicca » (port d’attache : Nassau, destination Liverpool) nous dépasse ; sa proue élégante, très pointue et sa poupe arrondie nous laisse supposer qu’il n’est pas tout neuf ; effectivement, il a plus de 60 ans. Nous le retrouvons à l’écluse de sortie du canal ; il entre le premier et s’amarre lentement, puis les plaisanciers remplissent l’espace restant. Au moment où s’ouvrent les portes de sortie, un coup de vent et une averse viennent assombrir l’horizon ; nous ne voyons presque rien ! De plus, le courant est maximum dans l’Elbe… montant (à contre pour nous). Nous avançons à 3 nœuds. Par contre, nous arrivons à temps à Cuxhaven pour trouver une place libre au ponton.

Shenandoah - article 15

Vendredi 15 août : Petit lever à 6h15 pour attraper le courant et trouver une place à Norderney, notre destination d’aujourd’hui. Le capitaine s’agite dans son lit en entendant les hélices de ceux qui ont mis la barre plus tôt que nous. Nous prenons le temps de préparer quelques tartines, ce sera probablement difficile en navigation. Les prévisions inquiétantes des jours précédents, qui ont été revues à la baisse, nous promettent quand même un vent de force 5, de face, bien sûr. Le capitaine large les amarres à 7h, et nous commençons à descendre l’Elbe avec plus de 3 nœuds de courant. Nous avons tous les deux enfilé nos bottes, notre ciré complet, et un petit pull supplémentaire car la température est à la baisse. Finalement, la traversée ne sera pas trop pénible, du moins sur le pont ; sur certains bords, nous roulons beaucoup, mieux vaut être dehors ; quelques averses courtes mais violentes et de longues plages ensoleillées se succèdent ; à 10 milles de Norderney, nous pouvons dérouler le génois qui nous fait gagner près d’un demi nœud… et beaucoup de confort. Nous arrivons à  la marina vers 18h, et trouvons une des dernières places à quai ; deux bateaux de hollandais sympathiques viendront s’accoupler. Aujourd’hui est un grand jour pour la capitaine qui a gagné un an ; nous allons bien entendu fêter cet évènement au restaurant de la marina, et, après une douche bien méritée, rentrons nous coucher tôt.

Samedi 16 août : Autour des îles de Frise, et entre les îles et la côte s’enchevêtrent des bancs de sable de faible profondeur, certains affleurant à marée basse. Les quelques chenaux traversant ces bancs sont très étroits, praticables seulement à marée haute, et passent en général sur des zones affleurantes ; le balisage (pas toujours classique) doit être suivi à la lettre, et change régulièrement dans les zones à fort courant, ce qui rend les cartes peu fiables. Nos voisins rentrent en Hollande par un tel chenal qui mène de Norderney à L’Ems en passant entre les îles et la côte et permet de rejoindre Delfzijl, un port hollandais sur la rive gauche du fleuve, en une étape ; ils nous proposent de les accompagner. Cette option nous parait à la fois plus sure et plus confortable que notre projet initial, c'est-à-dire une première étape vers Dokkum, par l’extérieur des îles, avec des vagues de 2m, suivie d’une remontée de l’Ems vers Delfzijl par vent de force 7 le lendemain. De plus, l’option « intérieure » met notre heure de départ vers 13h, ce qui nous permet une grasse matinée après deux longues étapes. Le matin, les sauveteurs ramènent un bateau qui a dérivé sur un banc et dont la quille est passée au travers de la coque en tapant dans les vagues. Nous larguons les amarres à 12h30, et suivons deux bateaux qui connaissent la passe (l’un d’eux cale à 1,8 m, c'est-à-dire 10 cm de plus que Shenandoah). En traversant le chenal entre Norderney et Juist (l’île suivante), nous rencontrons effectivement des vagues de deux mètres ; la mer se calme sensiblement dès que nous sommes à l’abri de Juist. Après 4 milles de navigation, nous traversons une première zone affleurante de 1 mille avec une hauteur de marée de 2m ; les balises sont des arbustes, qui doivent être suivis de très près ; nous nous éloignons un peu et touchons deux fois le sable; un de nos compagnons de route prend une balise du mauvais côté et se plante, mais arrive facilement à se dégager. Suivent 5 milles de zigzag entre les bancs, et nous nous retrouvons en eau profonde, sur un bord plus ou moins rectiligne de 6 milles, que nous parcourons à la voile. Un mille plus loin, nous atteignons une deuxième zone affleurante de 1 mille ; nous sommes exactement à marée haute, avec 3m d’eau, et gardons 1m sous la quille. Encore 1 mille en eau peu profonde, et nous arrivons dans l’Ems, que nous remontons à la voile jusqu’à Delfzijl ; au milieu du fleuve, nous échangeons le pavillon de courtoisie allemand par le hollandais. La pluie, qui nous a oubliés depuis notre départ, se déchaine à notre arrivée à Delfzijl. Il est 19h30, après le verre de l’amitié sur le bateau de notre « guide », nous mangeons rapidement et nous mettons au lit, à l’abri du vent qui commence à se déchainer.

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Dimanche 17 août : Nous partons pour une courte étape à travers les canaux vers Groningen, que nous comptons visiter demain. La tempête qui sévit en mer est à peine perceptible sur les canaux, mais pas la pluie. Après avoir passé une écluse et cinq ponts, nous nous amarrons à Groningen pour deux nuits, tandis qu’une vingtaine des bateaux qui nous accompagnaient traversent la ville en convoi, pour rejoindre leur port d’attache par les canaux.

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Lundi 18 août : Voici l’occasion de sortir nos vestes imperméables du fond de la penderie : on prévoit de la pluie pour toute la journée ! Tous les hollandais affirment que la visite de Groningen est un must … et nous ne pouvons que les approuver, malgré le ciel gris et la pluie, et malgré la fermeture de l’office du tourisme et des commerces le lundi matin. La ville encerclée de canaux possède beaucoup de beaux bâtiment anciens, un quartier hanséatique (et oui ! encore un) un centre ville animé (du moins, l’après midi !) et une université ; en ce jour de rentrée académique, des étudiants circulent à pied ou à vélo en trainant leur valise tandis que d’autres prolongent la guindaille d’accueil de la veille. Nous profitons de notre passage en ville pour remplir le frigo : sur la place du marché au poisson, un supermarché d’une grande enseigne hollandaise s’est installé dans l’ancienne halle aux grains, coiffée d’une superbe verrière. Entre les averses, quelques rayons de soleil nous permettrons de profiter de notre visite.

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Mardi 19 août : Notre journée commence par la traversée de la ville par les canaux, en compagnie d’une dizaine d’autres bateaux. Les canaux sont étroits, les distances entre les ponts sont courtes, et les skippers rivalisent d’ingéniosité pour éviter les collisions en attendant leur ouverture. Nous avons tout le loisir  d’admirer au passage les bâtiments que nous n’avions pas pu voir hier, notamment la façade ultra moderne du Groninger Museum (musée d’art contemporain). Suit un long parcours à travers la campagne frisonne, agrémenté  d’une succession de ponts et d’écluses à franchir, d’averses et de plages ensoleillées, de la traversée de la petite ville de Dokkum, des sabots envoyés par les pontiers pour collecter les droits de passage, et finalement, l’amarrage à un ponton à quelques milles de Leeuwarden, dont les ponts sont au repos jusqu’à 9h, demain matin. C’était notre plus longue étape depuis le départ, la plus humide, et probablement la plus froide : le thermomètre n’a pas dépassé 16 degrés.

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Mercredi 20 août : Nous sommes devant le premier des 10 ponts de Leeuwarden à 9h, et entamons le tour de la ville avec un peu de soleil ; à bâbord, un superbe parc, à tribord, les jolies maisons ; à la sortie du centre ville, un pont à bascule qui soulève un morceau de la route pour nous laisser passer ; puis une zone industrielle, et nous passons le dernier pont de Leeuwarden à 11h15. Aujourd’hui, le suspense est assuré par un pont en travaux, qui ne s’ouvre que toutes les heures ; le coup de fil au « help desk » mentionné sur les panneaux ne nous donnera pas d’information supplémentaire, la personne qui répond au téléphone n’est « pas au courant ». A 13h55, le capitaine piaffe d’impatience devant un pont de chemin de fer qui tarde à s’ouvrir, un demi-mille avant le pont en travaux ; dès qu’il peut passer, il met les gaz à fond, et arrive à temps pour l’ouverture du pont suivant, retardée de quelques minutes. L’équilibre averses / éclaircies est plutôt en faveur du soleil aujourd’hui, et nous avons regagné 2 degrés. Nous nous amarrons en fin d’après-midi au milieu de la petite ville de Lemmer, au bord de l’Ijsselmeer.

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Jeudi 21 août : Journée de shopping et repos à Lemmer ; la température ne dépasse toujours pas 18 degrés, nous avons droit à un peu de soleil. L’après-midi, un marché s’installe le long du canal, nous en profitons pour acheter un turbot qui nous régalera ce soir.

Vendredi 22 août : La pluie a commencé à tomber doucement pendant la nuit, elle s’intensifie à notre lever, et ne nous quittera qu’après 16 heures. Une étape longue et froide nous conduit à Amsterdam, à travers l’Ijselmeer et le Markermeer.  Le vent souffle fort le matin (de face, bien sûr), et les vagues sont méchantes ; après le passage de l’écluse de Enkhuizen et l’entrée dans le Markermeer, nous sommes moins secoués, mais arrivons dans l’Ij transis de froid. Nous décidons d’essayer la nouvelle marina d’Amsterdam, sur la rive droite de l’Ij, loin de tout, mais très confortable ; nous prenons avec délice une longue douche chaude et allons nous coucher tôt.

Shenandoah - Episode 16

Samedi 23 août : L’ « Amsterdam Marina » est équipée de sanitaires luxueux, mais est très mal protégée des remous du trafic de l’Ij ; après une nuit agitée,  nous avons le temps de déjeuner à l’aise, avant de partir vers Haarlem : le pont de l’autoroute en amont de Spaarndam ne s’ouvre que 3 fois par jour, et nous visons l’ouverture de 13h. Nous quittons Amsterdam à 10h15, pour une courte étape de 13 milles ; nous sommes équipés de bottes et cirés, mais le temps est nettement plus sec que la veille, à l’exception d’un violent orage qui éclate lorsque nous nous amarrons au ponton d’attente de Spaarndam ; nous nous réfugions dans le carré pour manger en attendant l’ouverture du pont. Le reste de la journée sera sec. Nous arrivons à Haarlem vers 15h, et nous amarrons le long du canal, à quelques centaines de mètres du centre; ceci nous donne l’occasion de nous promener en ville en ce jour de marché.

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    Dimanche 24 août : Le ciel donne la couleur dès le matin, un superbe arc en ciel couronne la ville de Haarlem à notre petit lever ; une petite averse juste avant le départ nous incite à enfiler bottes et cirés, mais nous n’en auront pas vraiment besoin ; le ciel s’éclaircit, le soleil nous réchauffe un peu, et nous nous débarrassons petit à petit des vêtements inutiles. Nous sommes dimanche, et rencontrons beaucoup de kayaks et bateaux à rames. Nous rejoignons Gouda après une trentaine de milles, une trentaine de ponts et écluses, beaucoup d’attente dans des chenaux étroits et beaucoup de stress (rater une ouverture peut provoquer 2 ou 4 heures d’attente). Nous amarrons  cette fois encore tout près du centre ville, le long d’un joli canal bordé d’arbres.

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    Lundi 25 août : C’est notre quatrième visite à Gouda, et nous n’avons pas eu l’occasion de visiter la ville lors de nos escales précédentes. Voilà qui sera fait  aujourd’hui : nous nous promenons le long des canaux tranquilles bordés de très jolies maisons, admirons la grand’ place, l’hôtel de ville, le « Waag » (ancienne pesée aux fromages), et, l’après-midi, profitons d’un peu de repos au calme du carré, en écoutant la pluie.

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    Mardi 26 août : La pluie qui s’est mise à tomber hier en début d’après-midi n’arrêtera que ce soir, lorsque nous amarrons à Oude Tonge. A la sortie de Gouda, nous apercevons deux feux rouges superposés aux portes de la première écluse (ce qui signifie que l’écluse est bloquée). Plutôt anxieux, nous nous approchons pour constater qu’une deuxième écluse est en construction, en parallèle de celle que nous connaissons ; les feux de cette dernière sont rouge sur vert, et elle s’ouvre rapidement. Les trois ponts qui suivent nous laissent passer à l’heure prévue, nous avons même droit à une pause lunch au sec, au ponton d’attente de Dordrecht. Nous arrivons frigorifiés et trempés dans le sympathique petit port de Oude Tonge, une de nos destinations fréquente de week-end.

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    Mercredi 27 août : C’est sous le soleil et un ciel bleu que nous redécouvrons notre domaine habituel de navigation. Nous rangeons les cirés (qui ont séché toute la nuit dans le carré), prenons le petit déjeuner et empruntons le petit chenal de sortie de Oude Tonge. La « Krammersluis » (écluse du Krammer) nous ouvre les bras et écluse pour nous tous seuls. A la VHF, nous retrouvons la voix familière de l’opérateur de « Post Wemeldinge » qui diffuse les heures de marée, les prévisions météo et les avis aux navigateurs. Arrivés au Zeelandbrug, nous pouvons mettre les voiles pour un dernier bord de vent arrière. Après une dernière écluse, il nous reste une étape de 30 minutes, qui clôture un voyage de 2100 milles.

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Date de création : 08/08/2014 09:09
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